Après avoir obtenu son diplôme à l’École de Design Nantes Atlantique, Clément Faydi s’installe à New York pour rejoindre Behance, une nouvelle plateforme permettant aux créatifs de présenter leurs travaux en ligne. Behance est racheté par Adobe deux ans plus tard, offrant ainsi à Clément l’opportunité de contribuer à la création de nouveaux produits, tels que les premières applications Creative Cloud, Creative SDK et plusieurs versions d’Adobe Portfolio. En 2019, après avoir passé une décennie à New York, il décide de revenir en France avec sa famille, tout en continuant à travailler pour Behance en télétravail.

En quoi consiste votre métier ? Quel est votre rôle et quelles sont vos missions précisément ?

Le cœur de mon métier est le design d’interface et l’expérience utilisateur. Il s’agit de concevoir des produits fonctionnels, intuitifs, agréables à utiliser, et qui répondent au mieux aux besoins des utilisateurs.

Mon rôle s’étend également sur d’autres dimensions de la conception de produits : la stratégie, la définition de la direction et de la vision du produit, ainsi que la collaboration avec les ingénieurs et les équipes marketing. Je travaille généralement sur plusieurs projets en parallèle, en essayant de conserver un équilibre entre les urgences absolues, les améliorations à court et moyen terme, et les concepts à plus long terme.

Depuis le rachat de Behance par Adobe, j’ai eu l’opportunité de travailler sur plusieurs grandes initiatives telles que le développement des premières applications Creative Cloud (Mac, Windows, iOS, Android), la création d’une suite de composants pour homogénéiser l’expérience utilisateur sur nos applications mobiles (SDK), l’élaboration de plusieurs versions d’Adobe Portfolio, et récemment, la mise en place d’outils pour aider les utilisateurs de Behance à monétiser leurs travaux.

En plus de ces grands projets, je me concentre quotidiennement sur l’amélioration des produits et fonctionnalités existantes, comme la refonte récente de l’outil de messagerie de Behance pour faciliter la collaboration entre utilisateurs.

Pour quelles raisons avez-vous choisi de vous orienter dans le domaine du design ? Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre métier ?

J’avais très envie d’exercer un métier qui allierait créativité et technique, ayant passé une grande partie de mon enfance et adolescence à naviguer entre la création de sites web et le montage vidéo.

Lorsque j’ai commencé à réfléchir à mon orientation, le domaine du numérique n’offrait pas beaucoup de perspectives de carrière, et l’idée de transformer cette passion en profession semblait presque irréalisable. Aidé par mes parents, je m’étais dans un premier temps orienté vers l’architecture, puis j’ai eu la chance de visiter l’École de Design Nantes Atlantique lors de leur journée portes ouvertes. J’ai réalisé ce jour-là que le design offrait une véritable filière dans laquelle je pouvais concilier ces passions : la création, la technologie et le numérique.

Près de 20 ans après avoir fait ce choix, ces critères restent toujours aussi importants pour moi. Je consacre une grande partie de mon temps à la conception et à la création d’interfaces numériques, mais je m’attache également à comprendre leurs implications techniques et la manière dont elles sont réalisées.

Je crois profondément que sans cet angle technique et ce penchant pour le développement, je n’aurais pas trouvé autant d’épanouissement dans mon métier.

Quelle formation avez-vous suivie pour atteindre ce poste actuel ?

J’ai suivi une formation au sein de l’École de Design Nantes Atlantique, où j’ai obtenu un Master en Design d’Interactivité.

La première année de ce cursus était une mise à niveau, une immersion enrichissante qui m’a permis de découvrir de nombreux aspects des métiers du design. J’ai été initié au design industriel, au design d’espace et, bien sûr, au design d’interactivité. Mon choix s’est naturellement orienté vers le design d’interactivité, qui correspondait à ce que j’appréciais faire lorsque j’étais plus jeune et là où j’avais le plus d’aptitudes.

Dans le cadre de ma quatrième année, j’ai eu l’opportunité d’effectuer un stage de six mois à New York. J’ai été tellement captivé par cette ville que j’y suis retourné en cinquième année, intégrant alors l’équipe de Behance en tant que stagiaire. J’ai ensuite été embauché à temps plein et nous avons été rachetés deux ans plus tard par Adobe. Plus de 10 ans se sont écoulés depuis cette acquisition et je continue de travailler sur cette plateforme.

Parmi les compétences acquises durant vos études, lesquelles utilisez-vous au quotidien ? Quels sont les technologies et outils que vous utilisez pour mener à bien vos différentes missions ?

Au-delà des aspects plus techniques de notre métier comme le design d’interface, mes études m’ont permis de développer d’autres compétences essentielles dans la conception de produits : l’analyse de problèmes, le développement de concepts, et la communication (tant en interne pour la collaboration, qu’en externe pour la présentation et le marketing).

Ma boîte à outils est très minimale : Adobe XD pour le design d’interface et le prototypage, Slack pour la communication interne, et évidemment le bon vieux papier et crayon pour les moments où l’ordinateur est plus une distraction qu’une aide.

Comment voyez-vous votre évolution professionnelle à long terme ? Avec votre parcours actuel, vers quels types de postes pourriez-vous évoluer à l’avenir ?

Dans l’immédiat, je souhaite poursuivre mon rôle de « contributeur individuel » (aussi appelé IC), qui me permet d’avoir une direction technique design/produit sans diriger d’équipe. À terme, il me serait aussi possible de m’orienter vers une position de manager pour accompagner d’autres designers dans le développement de leurs compétences et l’évolution de leurs carrières.

J’ai la chance d’avoir un métier qui peut être exercé dans plusieurs contextes, que ce soit au sein d’un grand groupe international, d’une entreprise de taille intermédiaire, d’une startup, d’une agence, en tant que travailleur indépendant ou en créant sa propre entreprise. Les possibilités sont donc multiples !

Quels conseils donneriez-vous à des étudiants qui hésiteraient à s’orienter dans le domaine du design ?

C’est un domaine très vaste qui offre des opportunités adaptées à beaucoup de profils différents.

Contrairement aux idées reçues, un talent artistique n’est pas impératif pour s’épanouir dans ces métiers, bien qu’il existe évidemment des branches très visuelles et axées sur la recherche de l’esthétisme.

Je crois que le plus important est d’être profondément curieux car nos professions sont en constante évolution, en lien direct avec les avancées technologiques et changements sociétaux. Il faut donc avoir la volonté d’être un éternel étudiant !